« Quel monde voulons-nous ? » demande Mgr d’Ornellas, par le titre du livre publié par le groupe de réflexion sur la bioéthique de la Conférence des Evêques.
Quelle civilisation sommes-nous en train de construire ? Les progrès dans les sciences et la technologie nous fascinent, et à juste titre. Nous pouvons, et devons, rendre grâce à Dieu pour les capacités qui donnent à l’homme de faire des choses qui étaient inimaginables il y a 50, 20, voire 10 ans. Des reportages récents ont montré qu’on peut faire marcher un homme paralysé et faire voir un aveugle. Et pour faire un enfant, l’acte sexuel devient obsolète. Mais parce qu’on le peut, est-ce qu’on doit le faire ? Les nouvelles technologies sont source d’espérance mais confient un pouvoir redoutable à celui qui les maîtrise. Plus la technique avance, plus les questions éthiques se posent, doivent se poser, pour questionner tout ce qui, sous couvert de progrès, fragilise, déconstruit, déshumanise.
Les techniques biomédicales doivent-elles nous affranchir de toutes limites ? Le manque n’est-il pas constitutif de l’être humain, de sa finitude ? Aucun de nous ne peut tout avoir et tout être, ni à la fois, ni successivement. Chacun est appelé à vivre avec la richesse qu’il est, sans constamment déplorer ce qu’il n’est pas. Quand allons-nous apprendre que la fragilité n’est pas une tare à redouter ni une honte à cacher et à éliminer ? C’est dans notre vulnérabilité et non pas notre illusion de toute puissance que nous ressemblons le plus à notre Dieu. C’est en compagnie des plus petits, plus fragiles de notre monde que nous découvrons la réalité de la parole de St Paul « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Cor 12,10)
Sr Jane
Supérieure Provinciale
