"Ce n'est pas parce qu'elle est associée à l'Etat par contrat que l'école catholique doit être ouverte à tous, c'est bien plus fondamentalement parce qu'elle est Catholique", écrit Pascal Balmand en ouverture d'un hors série d'ECA Actualité, en juillet 2018, dédié à la mixité sociale dans l'enseignement catholique.
C’est ce que nous rappelle aussi le Statut de l’Enseignement Catholique : "L’école catholique est une école pour tous. Elle porte une attention plus particulière à toutes les formes de pauvreté".
Il est très souvent reproché à l'enseignement catholique de choisir ses élèves, dans la mesure ou il s’est toujours opposé à des mécanismes de carte scolaire ou de régulation sociale de son recrutement. Quelle a été le résultat de cette politique ? Bon nombre considèrent que cette liberté des établissements privés catholiques a contribué à leur fermeture sociale, non à leur mixité. Quand est-il vraiment de l'inscription de « tous les enfants sans distinction d’ethnie, d'origine sociale, d'opinions ou de croyances » ?
Certaines enquêtes tendent à révéler que cette liberté de choix des inscriptions contribuerait indirectement à la représentation de plus en plus faible des enfants d'origine populaire dans les établissements catholiques et, en conséquence, aux logiques d'exclusion et de ghettoïsation scolaire de l'école.
Ce constat met l’enseignement catholique face à ses propres démons et ses propres contradictions.
Pour l'instant, si le principe d'une école catholique ouverte aux pauvres et aux faibles est rappelé haut et fort, la réalité sociale de l'enseignement catholique est autre. Loin d'être un modèle de mixité sociale, les portes de certains établissements catholiques se ferment de plus en plus aux enfants défavorisés. Le grand défi moral, éthique et pastoral que l’enseignement catholique doit relever est bel et bien de mettre ses pratiques en cohérence avec ses principes. C’est ce que rappelle avec force Pascal Balmand (Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique) dans un récent éditorial d’Enseignement Catholique Actualités : « La question de la mixité ne relève pas d’une vague gentillesse humaniste, mais d’une interpellation essentielle : oui ou non, prenons-nous au sérieux les appels du Christ à nous faire serviteurs des plus petits et des plus faibles ? Oui ou non, voulons-nous contribuer à l’édification d’une société réconciliée ? Oui ou non, souhaitons-nous faire vivre une Ecole de la rencontre et de la fraternité ? »
Cette liberté de choix, à laquelle nous sommes tant attachés, n’a de valeur que si elle n’est pas détournée de son but initial ; que si elle n’est pas seulement un outil discriminant pour cultiver une image d’établissement ou une réputation qui rassure certaines familles et nous assure une certaine clientèle !
La véritable liberté de choix à laquelle nous croyons, vise l’ouverture à tous et notamment à ceux qui en ont le plus besoin. Cette liberté c’est celle des familles autant que celle des établissements. Cette liberté, c’est celle qui accueille et inscrit non pas en fonction de la condition sociale, des opinions ou des croyances, non pas en fonction de la carte scolaire, mais sur les bases d’une Rencontre. Cette Rencontre, c’est celle d’un établissement et d’une famille autour d’un projet.
Pour faire vivre une Ecole de la Rencontre, il nous faut donc veiller et être attentif à accueillir les différences. Ce défi, qui consiste à créer et à favoriser dans nos écoles les conditions d’un dialogue, interculturel, interreligieux, n’est pas facultatif : il est bel et bien notre raison d’exister.
Lionel Julié
Délégué de tutelle