Paul Malartre, ancien secrétaire général de l’Enseignement Catholique mais surtout ami de La Présentation De Marie nous a quittés, il y a quelques jours.
Dans notre vie professionnelle et dans notre vie tout court, il est des rencontres qui marquent et que l’on n’oublie pas. Des rencontres qui vous renforcent dans votre enthousiasme à servir, des rencontres qui vous assurent dans vos convictions et vous redonnent de l’énergie pour un moment. C’était le cas des rencontres avec Paul Malartre.
Son regard clairvoyant, son propos mesuré mais toujours bien posé, sa détermination à faire avancer l’Institution mais à la faire avancer en dialoguant, en écoutant, en posant un cadre, en libérant les audaces auront marqué « son temps ».
L’annonce de son décès a provoqué chez moi, comme chez beaucoup d’entre nous, une grande tristesse mais m’a donnée l’envie d’aller relire l’ouvrage qu’il avait publié comme un bilan des assises de l’Enseignement Catholique « Est-il encore possible d’éduquer ? »
Je vous en livre quelques extraits comme un hommage … et comme un itinéraire
« Une fidélité créatrice…
Relire les écrits des fondateurs de congrégations enseignantes et s’étonner de l’actualité de leur propos. Leurs réponses aux questions éducatives dans des contextes sociaux profondément différents conservent une vraie pertinence. Ils n’ont pas gémi sur leur temps, ils ont réagi et pris des risques.
Nous avons à relever ce défi : faire œuvre de lucidité exigeante et, en même temps, donner de la valeur à tout ce qui se tisse au quotidien dans les communautés éducatives et qui porte les germes d’un renouveau éducatif évident…
Avoir de l’audace…
L’audace et la créativité ne peuvent venir que de ceux, qui, parce qu’ils sont en contact permanent avec eux, mettent des visages d’élèves sur les défis éducatifs à relever.
Une conviction : l’école doit s’interroger et se renouveler. Il faut analyser le plus lucidement possible les mutations éthiques, culturelles, religieuses qui conditionnent les comportements des élèves et leur manière d’être.
L’éducation a quitté le champ des évidences mais il faut garder confiance dans l’acte d’éduquer.
Eduquer...
Eduquer c’est prendre en compte la personne dans son intégralité.
On ne peut éduquer seul…
Pour éduquer, il faut « répondre à l’appel », risquer l’abandon de certaines sécurités pour aller « aux frontières ».
Il faut rejoindre les enfants et les jeunes là où ils sont.
Une vigilance : réduire l’écart entre le dire et le faire
Espérer…
Une espérance : croire à l’avenir de tout élève. C’est par le regard porté sur l’élève que nous donnerons consistance à l’espérance éducative.
Accroche ta charrue à une étoile…risquer l’inattendu de la personne. Quitter les regards qui enferment.
La personne, un être en devenir.
La personne est promesse. Pensons l’évaluation qui fait un constat lucide et sans complaisance mais dégage de la valeur et ouvre à un possible…Laisser toujours ouvert un espace de confiance. Changer de regard pour faire grandir la personne. Espérer en l’élève c’est aimer son avenir.
La personne, un être relié.
C’est un nœud de relations dans un espace humain où nous habitons tous ensemble. L’école est le lieu d’initiation de ce chemin d’humanité.
La personne, un être fragile.
C’est par les failles que passent l’accord et la connivence avec l’Autre. « Bienheureux les fêlés, la lumière peut les traverser » Tout élève, parce qu’imparfait a besoin de bienveillance pour vivre et parce qu’il est capable de progresser d’exigence pour grandir.
Le caractère propre de l’Enseignement Catholique est l’expression d’une vision chrétienne de l’Homme qui traverse et éclaire les choix pédagogiques et éducatifs de l’établissement. »
Ces écrits n’ont pas pris une ride. Ils nous ont été offerts comme un héritage à cultiver. Merci Paul Malartre.
Marie-Chantal DANIEL, responsable formation Tutelle