Une petite lumière pointe à l’horizon… Une étincelle de vie… C’est bientôt Noël … Dans notre monde angoissé et stressé, une fenêtre s’ouvre sur un ailleurs qui s’invite chez nous. Au travers des guirlandes qui égayent les rues et les rêves des petits et des grands, notre conscience est comme mise en éveil, interpellée ! Le traineau du père Noël, avec ses cadeaux, veut redonner un peu de joie sur nos visages crispés d’une actualité morose. Nous sommes invités à nous laisser déplacer par cette histoire de crèche, qui ne cesse de nous rappeler que l’essentiel se cultive de l’intérieur et que l’espérance sonne toujours à la porte. Croyants ou non, marqués par ces épreuves du temps présent, une jubilation peut nous habiter… Vivons ces instants magiques et bien réels de nos existences en façonnant ces petits édifices de crèches, le temps d’un moment, le temps de l’Avent.
Décider cette année d’en faire une, ou sortir le carton de la crèche, laissé dans un coin de placard l’an dernier. Prendre le temps de choisir l’emplacement pour cette année, ouvrir le carton et sortir un à un les sujets, les objets de décoration et l’abri qui accueillera l’événement et les personnages. Une odeur de paille, de pommes de pin, de papier froissé m’invite à me poser pour accueillir mes souvenirs passés, mon émotion du moment.
La crèche, une école de vie qui éduque notre regard à contempler ensemble le mystère de la création, de notre création, de la manifestation de Dieu pour les chrétiens. Dans nos maisons, nos établissements, nos églises, et même quelques fois dans nos espaces publiques, elles vont se déployer, portant avec elles, notre vécu, nos joies, nos peines et nos espoirs. Les santons de Provence vont s’animer avec leurs lots de quotidien pour se mettre en route vers ce petit bout de rien qui ouvre sur l’infini. Un bébé, enveloppé dans l’amour d’une maman et d’un papa, éclairé par une étoile, offert à la contemplation de tous, dans la présence chaleureuse d’un âne, d’un bœuf, de moutons … Ce nouveau-né, sans prétention, vulnérable et dépendant, nous rejoindrait-il dans nos attentes les plus secrètes ? Que veut-il nous faire percevoir du réel de nos existences et de l’aujourd’hui de nos vies ?
Spontanément, nous aurions tendance à rajouter d’autres personnages ou objets dans cet espace protégé, qui nous parlent et symbolisent nos histoires, nos relations, nos rêves, nos aspirations les plus profondes. Surtout faites-le ! Dans le silence du soir vous pourrez alors regarder et accueillir une partie de vous-même qui ne demande qu’à s’apaiser et se construire dans la douceur du moment.
Contempler la crèche, c’est se donner l’opportunité de se connecter à notre intériorité, c’est laisser advenir ce mouvement intérieur qui nous conduit aux sources de la vie et de la joie, au plus profond de notre être. Pour les croyants, c’est aller à la rencontre de Dieu qui nous attend dans la crèche de notre cœur pour se donner dans un amour inconditionnel. Alors, méditer, prier, aller à la rencontre des autres, des plus vulnérables, libèrent en nous des forces de vie insoupçonnées. Dans ce tableau vivant de la crèche, nous prenons conscience que nous ne sommes pas les maîtres de la création, mais que nous faisons partie de la création et qu’ensemble avec toutes les créatures nous portons notre regard dans la même direction.
Certains enfants et adolescents passeront devant, l’air désintéressé, mais seront interpellés par la beauté et la simplicité de ce qu’ils verront ; d’autres seront attentifs à la décoration et l’odeur de sapin ; d’autres s’arrêteront pour faire une prière dans le secret de leur cœur ; d’autres, en famille, ou avec des amis (es) goûteront à l’harmonie de la prière commune.
Le pape François, dans sa lettre apostolique parle de la crèche, comme « d’un Évangile vivant ». Marie Rivier aimait à dire à ses sœurs, ses amis (es) et aux enfants : « Soyez un Évangile ouvert où chacun pourra lire Jésus Christ ». Evangile signifie Bonne Nouvelle….
Cette bonne nouvelle ne serait-elle pas la conscience de cet espace de paix et d’harmonie en nous, habité par le Dieu Vivant ? Bonne nouvelle que, comme, et à la suite du Christ, nous pouvons y accéder gratuitement ? Bonne Nouvelle de se laisser éclairer de l’intérieur, pour propager de regard en regard cette étincelle de vie, tout en posant des actes de bienveillance dans notre quotidien ? Oser la parole, le geste qui disent notre humanité commune dans "la maison commune".
L’écologie intégrale nous appelle à changer le monde extérieur sans perdre de temps. Ne commencerait-elle pas, par le changement du monde intérieur, de notre monde intérieur ? L’habiter, dans une ouverture au sacré en nous ? D’autres, de toutes cultures et religions nous ont précédés ou marchent en même temps que nous, dans ce pèlerinage intérieur. Ils nous accompagnent mystérieusement dans cette quête d’absolu et d’humanisation.
Aller vers Noël, prendre le temps de faire advenir des crèches dans notre environnement immédiat, c’est reconnaître que nous sommes des êtres habités, conscients de nos fragilités et porteur d’une espérance qui nous transforme et transformera le monde pas à pas.
« Ô Toi, l’au-delà de tout, quel esprit peut te saisir ?
Tous les êtres te célèbrent. Le désir de tous aspirent vers toi » (Chant de Taizé)
Y.K