Ensemble et différents, un monde en attente …

Dans le monde incertain dans lequel nous vivons depuis quelques mois, bousculé par la pandémie, les attentats terroristes, le réchauffement climatique, notre Pape François nous partage ses pensées sur des questions fondamentales qui concernent notre humanité et notre devenir. Il interroge nos façons de penser et d’agir et nous invite à changer de modèle. Dans les différents documents comme « Laudato si’ », mais aussi instrumentum laboris (document de travail pour le pacte éducatif) et dernièrement « Fratelli tutti, tous frères », il s’adresse à tous, hommes, femmes, enfants de toute cultures, religions ou pays, pour nous interpeller sur le fonctionnement de nos sociétés et en particulier sur l’éducation des jeunes.  Il rejoint des scientifiques, des hommes et femmes de toutes religions, des dirigeants, des économistes, des chercheurs, qui croient qu’un changement est possible.

Son exhortation à sauvegarder la « maison commune », notre terre mère, grâce à laquelle nous vivons, nous oriente vers une écologie intégrale qui respecte la dignité de tous les êtres au-delà des clivages sociaux, politiques ou économiques. Ce n’est pas seulement dans le faire, au niveau environnemental, que nous devons nous orienter mais aussi explorer et assainir nos relations interpersonnelles, interculturelles et interreligieuses. « Tout est lié », tout est en relation. Cette transformation des consciences et des intelligences ne peut se faire sans une réflexion sur l’Éducation des jeunes, sur les moyens et pédagogies utilisées pour former les hommes et les femmes qui demain hériteront de ce que nous leur laisserons… Et surtout sans une remise en cause de nos propres fonctionnements en tant qu’adultes.

Dans le pacte éducatif, lorsque François dit que le mot « ensemble » est « le mot qui sauve et accomplit tout », il met en avant l’idée que les solutions à nos problèmes ne peuvent venir que d’une concertation et d’une coopération entre tous et à tous les niveaux. Marie Rivier, déjà à son époque, avait compris que dans des circonstances difficiles et pour avancer sur le chemin de la vie, l’union a raison de l’adversité, le vivre ensemble est le sceau d’une spiritualité intégrée et accomplie. Elle avait l’intuition que Dieu se plait à vivre et intervenir dans le cœur de ceux qui cherchent à trouver des chemins de dialogue, de partage de valeurs mais aussi de partage du quotidien et des enjeux vitaux, comme nous pouvons les constater de nos jours. L’autre n’est plus le différent qui me fait peur et que je souhaite éliminer, mais « ce compagnon de route » qui partage une même humanité. Ensemble, nous pouvons alors, nous mettre au service de la Vie, dans nos relations humaines, notre rapport à la nature et notre quête d’absolu.

Dans son pacte éducatif, Le Pape François, nous invite chacun à nous engager personnellement et ensemble sur différents points et notamment sur un principe qui semble révolutionnaire, quoique déjà explorer en Sciences de l’Education : « Ecouter la voix des enfants et des jeunes à qui nous transmettons des valeurs et des connaissances, afin de construire ensemble un avenir de justice et de paix, une vie digne pour chacun. » Tout un programme !

Cela nous interroge sur notre capacité d’écoute de l’autre, et en particulier des plus petits, des marginalisés, des personnes en situation de handicap, mais aussi de son conjoint, de ses parents, de ses enfants, de ses collègues de travail, de Dieu pour le croyant… L’éducation à l’écoute ne serait-elle pas une priorité dans notre monde, notre monde intérieur ?

« Ephata », nous dit Jésus, ouvre-toi aux harmonies du monde, aux chants des créatures, aux musiques si diverses, à la brise légère, aux mots qui soulagent et procurent du bien-être, ouvre-toi au silence qui porte l’immuable…Alors tu pourras écouter le cri de la violence, des sans-voix, des enfants, de la nature blessée, des océans maltraités... Tu pourras agir en conscience, avec tes frères et sœurs en humanité, avec moi, ton Dieu si tu m’ouvres la porte de ton cœur.    Ce « nouvel humanisme » qu’appelle de ses vœux le Pape François ne commencerait-il pas par une véritable éducation à l’écoute ?

Une écoute bienveillante, sans à priori, sans projection sur l’autre de mes idées, de mes convictions, de mes croyances, de mes peurs ou de mes blessures… Une écoute qui laisse un espace de liberté entre moi et l’autre, une écoute jusqu’au bout qui lui permet de se dire et de me dire… Une écoute qui fait émerger en l’autre des chemins de confiance et de créativité. Une écoute humble et facilitatrice, pour celui qui croit à la suite d’Ignace de Loyola, que Dieu agit en l’autre dans le mystère de sa Présence… Une écoute féconde qui donne du fruit en son temps, un temps qui ne m’appartient pas !

Merci Pape François de nous montrer un chemin de Vie pour notre humanité, au travers du pacte éducatif, de ces textes qui nous interpellent en tant que citoyens du monde, dans un vivre ensemble. Demandons à Dieu cette qualité si chère à Marie Rivier, la vigilance. C’est-à-dire « l’attention aux autres, à tous les autres, et d’abord à ceux qui personne ne fait attention ». Parfois, cet autre c’est nous-même.  Oui, Seigneur, donne-nous cette vigilance d’un cœur qui écoute…. 

Yves Kerbrat
adjoint en pastorale 

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